Le temps n’efface rien. Il n’apaise rien. Le manque, lui, est toujours là.
Mars. Mois des fous, paraît-il ? Moi, je suis née en mars. Et il y a six ans, en mars, mon fils est mort.
Depuis, ce mois est devenu mon ennemi. L’an dernier, au Sénégal, c’était plus doux, plus léger. Cette année, c’est tout l’inverse.

2025 : Une année particulière
En fin d’année dernière, j’apprenais que ce putain de crabe avait élu domicile chez un de mes petits frères. Colère. Peur. Angoisse. Je prends des décisions au travail (j’en parlerai dans la prochaine newsletter, mais celle-ci devait sortir avant).
Et puis début mars, on s’évade quelques jours avec mon petit frère. Je savoure ces instants, mais mon ventre est noué. Un soir, un jeu vidéo sur mon téléphone. Un pseudo surgit : JoRdY23. Jordi. Mon fils. Le 23. La date de son décès. Quelle est la probabilité ? Un signe ? Une mauvaise blague de l’au-delà ?
Retour à la réalité
Mars continue son carnage. Mon anniversaire arrive. Ma mère est là. Elle divague. Je le sais, j’en ai fait mon deuil blanc (j’en parlerai dans la troisième newsletter). Mais certaines phrases blessent plus que d’autres. Elles enfoncent le manque. Elle repart. Mes larmes coulent. Quatre heures d’un torrent inarrêtable.
Et puis, le 21 mars, Zoé, mon chat de 15 ans, fait une thrombose. Urgence vétérinaire. Perfusion. Anesthésie. Attente.
Le 22, verdict : elle a passé la nuit. Le traitement a fonctionné. Elle rentre à la maison.
23 mars
Réveil matinal. Je pars courir. Je réfléchis. J’analyse. Je m’autocritique.
Et je comprends.
Ce qui m’épuise, ce n’est pas juste la peur. C’est le manque.
Ce manque abyssal qui me coupe le souffle, qui paralyse ma pensée hors du travail. Le temps ne l’efface pas. Il ne l’atténue même pas. Le manque grandit.
Le poids de l’absence
Parfois, il est doux, nostalgique. Un souvenir refait surface, un sourire éclot. Et puis il y a ces jours où il est lourd. Silencieux. Assourdissant. Le manque façonne tout. Il est là, omniprésent, insidieux.
Il n’y aura plus jamais de prises de bec. Plus jamais de fous rires. Plus jamais de courses-poursuites autour de la table. Je donnerais tout pour qu’il m’agace encore, pour entendre les couvercles de casseroles bouger en cachette, pour voir la porte du frigo se refermer après son passage.
Le manque a pris sa place. Il est sa place. Il fait partie de lui.
Jordi est là, partout où je vais. Partout où j’irai.

Sortir de la vague
Aujourd’hui, en courant, les pieds dans la boue, je souris. Parce que je sais. Je sais que cette vague va passer. Comme les autres.
Le deuil, c’est comme ce chemin craquelé sous mes pieds. Dans ces fissures, il y a de la vie. De la verdure. Comme ces vagues qui vont et viennent sur le sable.
Et toi ? Si tu ressens ce manque. Si tu oscilles entre douleur et douceur. Si tu veux en parler.